C’est une belle équipe de vendangeurs qui s’est année encore c’est attaqué à la récolte des grappes charnues, à l’heure ou la brume trainait encore ses écharpes sur la vallée du Colon, l’équipée s’égaillait entre les rangées. Ils sont tous là, les amis, les copains, Marcel le doyen venu en voisin toujours prêt à donner un coup de main, Roger qui conduit la remorque chargée des cuves, jusqu’à la petite Clara qui ne céderait sa place à personne. c’est pas moins de 3 générations de la famille Chartier qui sont rassemblées sur cette parcelle que le père de joseph a planté il y à plus d’un siècle Bernard Courné intronisé maitre de chais veillait au bon déroulement des opérations, la cuve, les seaux ainsi que les ciseaux pour les mains délicates étaient préparés depuis longtemps, la vendange est une chose bien trop sérieuse pour laisser place à l’improvisation !!

Chacun rejoint sa ligne en tandem, en fonction de ses affinités, et les grappes encore chargées de rosée tombent lourdement dans les seaux, riches de promesse d’un breuvage abondant. Les choses sérieuses commencent, les vendangeurs hèlent le porteur qui a la lourde tâche de recueillir dans son tandelin le précieux contenu des seaux. Bernard qui à découvert la tradition viticole au travers de sa belle famille et surtout de son beau-père Joseph CHARTIER, et devenu un amateur éclairé pour un pas dire un spécialiste de la vinification, abandonné le foulage au pied, les tonneaux de bois ancestraux, tout est contrôlé, planifié, mesuré et la qualité est au rendez-vous. Mais la tradition est également au rendez-vous, les curieux se demandent à quoi sert ce seau de cailloux posé à coté de la cuve, Bernard explique que ici c’est l’usage de compter les tandelins et que c’est un système simple qu’il pratique depuis longtemps déposant un caillou dans le seau vide à chaque tandelin déposé dans la cuve.

Le plaisir des vendanges mais surtout celui des vendangeurs est aussi dans les nourritures terrestres, et c’est avec appétit qu’après avoir récolté quelques tandelins que les vendangeurs rejoignent le bout de la vigne pour un frugale casse croute préparé par Roseline la maitresse de maison. C’est l’occasion de faire gouter à tous le blanc issu de la récolte précédente, et de l’avis de tous il n’a pas à rougir de la comparaison avec les vins de Moselle, les langues claquent et les verres se tendent à nouveau, pas de doute il est vraiment bien. Chacun rejoins son poste et la cueillette reprend d’autant plus joyeuses que le soleil c’est joint à la fête et que les vertus du petit blanc font effets. Bernard et remonté sur son chantier et égraine chacune des grappes sur une trémie métallique afin de ne mettre que les grains dans la cuve pour éviter le caractère rugueux que la rafle laisse au vin lors de fermentation. Le vin sera ensuite pressé ou foulé suivant les quantités et il ira rejoindre l’imposant bouge qui lui aussi est prêt à recevoir son précieux contenu. Ce sera pour quelques semaines un attention quotidienne que de mener le jus de ces trois cépages locaux, Oberlin, Cullmann, Bacot, à une fermentation maitrisée gage d’un breuvage agréable à boire. La première de ses étapes consistera à soutirer le gouleyant vin gris et à le mettre en bouteille ou en tonneau au bout de seulement quelques heures de bouge pour qu’il garde une belle robe claire et un palet astringent.

Ensuite le soutirage se fera également pour le rouge et le blanc, les tonneaux se rempliront pour terminer la maturation du vin bien à l’abri de profonde cave.

De l’avis de tous c’était une belle vendange et c’est avec un peu de nostalgie que tous évoquent les belles années passées, le récoltes exceptionnelles, mais le repas de vendange sera gai, le rouge laissera des moustaches, le vin bleu coulera, et c’est sur ; rendez-vous sera pris pour l’année prochaine.

La tradition viticole de Madegney comme celle des communes voisines est moindre qu’il y à un siècle, le phylloxera à conduit à l’abandon de la culture de la vigne comme métier principal, car au 19ème siècle c’est presque une personne sur deux qui vivait de la vigne sur la commune, Les travaux de Léon Milot considéré comme le père du renouveau de la vigne dans les Vosges ont permis de maintenir une production de quelques hectolitres qui se partage entre les 4 ou 5 familles qui exploitent encore les vignes bien souvent familiales. Mais preuve de l’attachement des habitants à cette tradition le remembrement initié par la commune à préservé les parcelles viticoles.

Il faut avouer que les efforts de travail sur la vigne, la maitrise de la vinification font désormais de ce breuvage autrefois appelé vin à trois mains un vin tout à fais agréable à boire, même s’il garde la rusticité de son terroir.

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